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LES CETACES DANS L’HISTOIRE CORSE.

 

   En Corse, spécifiquement, les constantes et séculaires invasions étrangères des côtes ont soumis la population d’origine à un exode vers l’intérieur de l’île et à un abandon des rivages trop difficiles à défendre.

Il en découle qu’en dehors du Cap Corse et de l’extrême sud, régions  qui ont toujours commercé avec la Toscane et la Sardaigne, ainsi que des principales cités du littoral fondées par les navigateurs étrangers, toute tradition maritime a disparu. La mémoire collective concernant les animaux marins s’est effacée.

   Les seules représentations de cétacés que nous ayons pu retrouver en Corse, sont l’œuvre de peuples de marins étrangers qui les ont de tous temps côtoyés (il est toutefois possible que les réalisateurs eux même aient été des artistes Corses ayant travaillé en tant qu’artisans).

   Quantifier les envahisseurs successifs serait impossible tant ils ont été nombreux depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Certains, comme les romains ou les génois, sont restés plusieurs siècles et se sont implantés durablement en fondant des cités importantes sur tout le pourtour de l’île, d’autres, comme les barbaresques du Maghreb, n’y ont effectué que des incursions ou des razzias, emportant avec eux les biens, la nourriture et la population réduite en esclavage des villages attaqués.

   Tous ces envahisseurs ayant obligatoirement, pour rejoindre la Corse, traversé Mare Nostrum, celle-ci a toujours été le théâtre de bien des aventures et épopées qui nous ont été rapportées par divers chroniqueurs depuis l’antiquité. Les cétacés y ont souvent été mêlés, représentant régulièrement différents symboles des peuples de navigateurs méditerranéens.

 

   Les représentations suivantes sont le fruit du travail d’artistes Etrusques, Romains, Grecs ou Minoens et figurent uniquement des Dauphins ; que ce soit des bleus et blancs, des Grands dauphins, ou des Dauphins communs aujourd’hui fort rares.

   Suivant la qualité de l’œuvre et l’habileté du dessinateur, les différencier est parfois difficile, certaines reproductions comportant des traits distinctifs de plusieurs espèces différentes.

Nous nous y sommes essayés sans, toutefois, pouvoir garantir l’exactitude de nos indications.

 

   Les grands cétacés comme les baleines (Rorquals communs) ou les cachalots, bien que connus des navigateurs méditerranéens n’ont, apparemment, pas été représentés en Corse sous quelque forme que ce soit et ceci, semble t-il, pour trois raisons logiques:

  1. 1 - leur taille, ainsi que le fait qu’ils ne soient pratiquement jamais entièrement visibles hors de l’eau, ne permettait    pas aux navigateurs de se faire une idée précise de leur morphologie,

2 - contrairement aux dauphins, les grands cétacés, beaucoup moins nombreux, sont rarement retrouvés échoués, et encore moins souvent, en bon état. Il était donc difficile en présence d’un cachalot ou d’une baleine en état de décomposition avancé, d’appréhender correctement leur anatomie,

  1. 3 - enfin, ils n’étaient pas vénérés comme les dauphins qui accompagnaient souvent les navires, mais faisaient plutôt l’objet de légendes ou de croyances tout en inspirant une crainte sûrement justifiée par leur taille.

    Toutefois, Élien, chroniqueur romain ayant vécu entre le deuxième et le troisième siècle de notre ère, rapporte dans ses écrits une légende entretenue par le peuple de Kurnos (Corse) traitant de "monstres marins qui se dressent au-dessus de la mer et passent l’hiver dans le détroit de Corse et de Sardaigne ".



 

LES DAUPHINS DE MARIANA

  Mosaïques de sol aux dauphins.

 

   Mariana fut une ville romaine fondée par Caius Marius en 100 avant J-C située à quelques kilomètres au sud de l’actuelle Bastia. A ce jour, le site est toujours fouillé par les archéologues.

 

  " Il s’agit de représentations associées à des personnages païens (dieux océans) adaptés à la thématique iconographique chrétienne et correspondant probablement aux quatre fleuves du Paradis. Dans ce contexte, les dauphins n’ont aucune connotation particulière…Toutefois, la présence de ces cétacés dans la mosaïque antique est assez courante, car le monde romain était principalement un monde méditerranéen, mer où ces animaux ont toujours été très nombreux et connus"

(équipe de recherche du site de Mariana).


Dauphin.2.jpg

 

    Ces mosaïques de sol représentent apparemment des dauphins bleus et blancs.

La multiplicité des couleurs, que le rouge accentue, ainsi que les traits partant de l’œil, (qui pourraient aussi figurer des nageoires pectorales), sont des signes distinctifs des Stenella coeruleoalba;

    L’animal de gauche est doté de deux nageoires dorsales ainsi que de deux nageoires situées sous la tête tandis que celui de droite possède trois nageoires dorsales et une nageoire sous la tête. Aucune des deux représentations ne correspondant à la réalité, il est probable que les artistes de l’époque n’aient jamais vu de dauphins vivants ou échoués et se soient basés sur les descriptions que les marins ont pu leur fournir, le tout étant enjolivé suivant leur inspiration du moment afin de réaliser une œuvre esthétique à défaut d’être une reproduction exacte.

    La présence d’ouies, bien visibles, laisse supposer que les Dauphins étaient considérés par l'artiste non pas comme des mammifères marins mais comme des poissons.

 

Dauphin.1.jpg

Photographies fournies par l'équipe de recherche du site antique de Mariana et diffusées dans notre ouvrage CORSICA MARE avec leur aimable autorisation.

 

 

 

LES DAUPHINS D'ALERIA

  Stamnos aux dauphins.


Vase  servant à la conservation du vin datant approximativement de 350 avant J-C découvert sur le site d’Aléria).

 

   Bien que les premières traces de présence humaine sur le plateau d’Aléria datent du 6ème millénaire avant notre ère, le site ne prendra de l’importance qu’à partir d’environ 565 avant J-C, sous la forme d’un comptoir commercial fondé par les grecs réfugiés de Phocée sous le nom d’Alalié  ou Allalia.

   Conquise par les Etrusque et les Cartaginois quelques dizaines d’années plus tard, la cité deviendra Aleria a partir de 259 avant JC, date de sa prise par le général romain Cornelius Scipion. La colonisation Romaine durera 7 siècles et permettra à la ville, capitale de la province de Corse, de devenir un des principaux relais romains en méditerranée occidentale. 


dauphin-aleria-016-filtree--3m.jpg

Photographie CMO reproduite dans notre ouvrage CORSICA MARE avec l'aimable autorisation du Musée Jérome Carcopino d'Aleria.

 

   Détail de l’œuvre représentant deux personnages masculins chevauchant des grands dauphins (Tursiops truncatus) dont la reproduction est très fidèle à la réalité dans les proportions.

    Un élément important est toutefois absent des reproductions : la nageoire dorsale, partie la plus visible des animaux en mer et permettant de les reconnaître, est inexistante. Un détail curieux permet aussi d’imaginer une articulation unique (cheville) à la base de la nageoire caudale et à laquelle seraient reliés deux pieds.

 

 

 

 LES DAUPHINS DE CALENZANA

 Sarcophage aux dauphins du IV ème siècle .

 

 

dauphins-ste-Restitude.jpg

 

   Il fut découvert en l'église Santa Ristituta (martyre du III ème siècle) di Calinzana (village de Balagna).

Deux dauphins positionnés têtes en bas et corps formant une boucle soutiennent  un anneau dans lequel sont inserées les inscriptions X et P entrelacées (signifiant le nom du Christ) et rehaussé par un pied de colonne. 

Sainte Restitude fut jetée à la mer par les Romains afin d'y périr noyée mais elle survecu et retrouva la terre. Peut-être  la présence de dauphins est-elle en rapport avec cette légende. Il est aussi probable que le sarcophage ait été réalisé par la population locale afin de préserver les reliques des Romains, colonisateurs de la Corse à cette époque.

Nous supposons ces dauphins être des tursiops truncatus dont la présence est connue et attestée dans la région, Calenzana se trouvant à quelques kilomètres de la mer et surplombant Calvi.

 

 

 

DIFFERENTES REPRESENTATIONS ANTIQUES MEDITERRANEENES.

(Reproductions fournies par Roger MINICONI)


Celles-ci laissent supposer le style d'interprétation qui a pu avoir cours en Corse durant la période antique. 

 

 

    Les représentations antiques suivantes proviennent de civilisations de Méditerranée orientale, Grecque et Minoenne ou Romaine à différentes époques. Ces peuples ou leurs descendants, ayant, un jour ou l’autre, débarqués en Corse, il est plus que probable que les dauphins y furent représentés dans un style comparable.

Il n’existe toutefois, à notre connaissance, aucune preuve permettant d'infirmer ou de confirmer  que les peuples Corses d’origine aient pratiqué eux même ces arts.

Pithos (profonde jarre d'origine grecque, utilisée pour stocker des denrées non périssables), stamnos, mosaïques de sol, fresques murales, poteries ou autres, les supports des artistes sont multiples.

 

Un des Dauphins de la fresque du palais de KnossosDAUPHIN FRESQUE DU PALAIS DE CNOSSOS

 (civilisation Minoenne de Crète) antérieure à 1450 avant

J-C représentant probablement un Dauphin commun

(Delphinus delphis). Le respect des proportions indique

clairement la bonne connaissance des dauphins par les Minoens.

Une des plus fidèles représentations avec celles d’Aléria.

 

Grand Dauphin (Tursiops truncatus) affublé d’ouies DAUPHIN-PITHOS-DE-PACHYAMMOS.jpg

représenté sur un Pithos de Pachyammos (Chypre).

2ème millénaire avant JC.

Son allure générale ainsi que les pterygopodes (organes

reproducteurs du mâle) peuvent aussi faire penser à un requin.

Ceux-ci ayant été très peu représentés, les differencier des dauphins

est difficile et aucune certitude ne peut être avancée.


 

DAUPHIN-FRESQUE-DE-SANTORIN.jpg

Fresque de Santorin

(île grecque de la mer Égée)

représentant un Dauphin bleu et blanc

(Stenella coeruleoalba) stylisé.

 

 

 

 

 

dauphin-mariana-seul.jpg

 

Mosaïque de sol de  Mariana (Corse)

représentant un Dauphin bleu et blanc

(Stenella coeruleoalba).  

 

 

 

 

 

 

 

 

Dauphin de la période Attique DAUPHIN-ATTIQUE-6eme-siecle-avJC.jpg6ème siècle avant JC.

 Le manque de détails suggère une représentation de Grand

dauphin (Tursiops truncatus). Cette reproduction est réduite

à la plus simple expression possible.

 

 


Il est relativement aisé de reconnaître sur cette DAUPHIN-MOITIE-5eme-SIECLE.jpgIntaille en jaspe

datant de la 2ème moitié du 5ème siècle un grand dauphin

(Tursiops truncatus). Bien que les proportions et certains détails soient

le fruit de l’imagination de l’artiste, l’uniformité de la robe,

l’absence de motifs ainsi que le dégradé de couleur ne

permet aucun doute. La présence de doigts sur les nageoires

pectorales laisse penser que l’artiste s’est peut-être déjà

trouvé en présence d’un animal échoué dont l’état de

décomposition lui a permis d’observer son squelette.

  

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